SECONDE MOITIÉ DU XVI° SIÈCLE .                 243
fixer à Anvers avec toute sa famille. Il fait appel à la protection des magistrats de la ville et leur offre, en 1564, d'exécuter sous leurs yeux plusieurs grandes pièces destinées à la décoration du nouvel hôtel de ville. Sur ces panneaux devait être figuré le cours des rivières depuis Middelbourg jusqu'à Bruxelles, avec la repré­sentation des pays avoisinants.
On lit, dans un compte de la ville de Bois-le-Duc des années 1567-68, que les magistrats confièrent à un artisan de Bruxelles l'exécution en haute lice du plan de la ville, d'après le dessin de Lambert van Oort, peintre d'Anvers. Ce plan était destiné, avec ceux de Louvain, de Bruxelles et d'Anvers, à recouvrir les mu­railles de la grande salle des assemblées, dans l'hôtel des états de Brabant, à Bruxelles.
Les sept pièces représentant les Batailles de l'archiduc Albert, rehaussées d'or, d'argent et de soie, d'une date bien plus récente, appartiennent à la même famille de sujets que la Conquête de Tunis et les Victoires du duc d'Albe. Elles sont attribuées au tapissier Martin Beymbouts, qui vivait à Bruxelles au début du xvii0 siècle. Leurs sujets touchent directement à l'histoire de notre pays, car ils représentent : la Surprise de Calais, Y Assaut de Calais, la Retraite en France de la garnison'de Calais, l'Assaut nocturne d'Ardres; enfin le Combat dans la tranchée de Hulst, l'Assaut du camp relranché de Hulst et la Prise de la ville. Plusieurs de ces pièces, conservées à Madrid, ont été exposées en partie à Paris il y a quelques années. Nous reproduisons ici la deuxième et der­nière pièce.
Le duc d'Albe ne se contenta pas de faire des commandes aux ateliers. bruxellois pour son usage personnel : il acquit de François Geubels deux sujets de l'Histoire de Samson, destinés à l'archevêque de Trèves. Mais ces faits isolés nous renseignent imparfaitement sur la situation des ateliers bruxellois pendant la domination sanglante du duc d'Albe et de ses successeurs. C'est aux tables de proscription conservées dans les archives du terrible conseil des troubles qu'on doit les plus nombreuses, mentions de tapissiers flamands pendant cette période agitée. Dans certaines villes, la Réforme avait recruté nombre d'adhérents; aussi beau­coup de tapissiers figurent-ils, comme on l'a déjà dit, sur les listes de proscription et sur celles des fugitifs dont les biens étaient con­fisqués au profit du souverain.